.D'où vient la musique de jazz ?.


Extraits du livre : "Le Fabuleux Destin de Marciac"

Vivre le Jazz-Blues dans les rues de Marciac...

 

Le contexte historique et social de l’apparition de la musique de jazz dans les années (19)20, à La Nouvelle-Orléans et à New-York (NYC), sans oublier Chicago, n’a aucun rapport avec la relative torpeur des 70’ gersoises et marciacaises. En effet, la capitale de la Louisiane, celle des grands lacs et la moderniste NYC, vivent alors leur roaring 20’ (« années 20 rugissantes ») autour d’un grand melting pot (creuset) de musiques.

 

Ainsi, l’environnement musical des USA est-il à, cette époque, une grande marmite, dans laquelle bouillonnent et mijotent moult ingrédients musicaux. A savoir : blues (à l’origine, expression chantée des « idées noires » des esclaves), ragtime (« temps déchiré »), fanfares high quality (« haut de gamme »), country music (musique populaire américaine), polkas, mazurkas, valses, quadrilles, revues musicales venues de Broadway, rythmes africains et créoles, minstrel shows (reprise de chants et de danses des esclaves noirs par des blancs se noircissant le visage), opérettes, negro spirituals (à l’origine, musique vocale sacrée des esclaves afro-américains) et gospels (chants se référant aux évangiles).

 

En fin de compte, le métissage de ces langages sonores donnera naissance à une musique nouvelle et, c’est le plus étonnant, irréductible à ses composantes : sa majesté le jazz ! Du coup, ce ne sont pas les pasodobles joués aux arènes de Marciac par les bandas pendant le paseo des courses landaises, ou les modestes orchestres faisant danser les Marciacais sur la place du village, qui peuvent être considérés, même de façon infinitésimale, à l’origine de la vocation jazziste de la bastide, qui est pourtant devenue l’un des plus populaires pôles d’animation, de qualité et de curiosité autour du jazz.

 
  Trois arts majeurs nés au XXe siècle, le jazz, le cinéma et la bande dessinée (BD), ont connu des débuts difficiles, puis un lent processus de légitimation culturelle – parsemé de « violentes » polémiques  –  avant d’être reconnus comme des arts haut de gamme. En fait, jazz, BD et cinéma ont été victimes d’un même préjugé : dans la hiérarchie pyramidale des beaux-arts, les jugements académiques les ont longtemps placés plus près du trottoir que du ciel, le jazz ayant été ainsi assimilé, avant de conquérir la planète, à de la « musique de sauvages écoutée par des dégénérés ».


Copyright  : The Robert Runyon Photograph Collection, RUN5020, The University of Texas at Austin, courtesy of the Dolph Briscoe Center for American History for the book "Le Fabuleux Destin de Marciac"
Copyright / Reproduction Interdite : The Robert Runyon Photograph Collection, RUN5020, The University of Texas at Austin, courtesy of the Dolph Briscoe Center for American History for the book "Le Fabuleux Destin de Marciac"

D'où peut venir le mot "jazz" ?

 

Le mot « jazz » apparaît pour la première fois le 6 mars 1913, dans un journal américain (le « San Francisco Bulletin »), sous la plume d’Ernest J. Hopkins. Et c’est en 1917 que le mot « jass » (orthographié avec 2 s) est noté sur un disque de « l’Original Dixieland Jazz Band », sans grande valeur musicale intrinsèque et enregistré à New-York par un orchestre composé uniquement… de musiciens blancs : bonjour, les idées reçues !

 

Les linguistes et les historiens qui ont travaillé sur l’étymologie du mot jazz ont émis plusieurs hypothèses, dont la grande majorité évoque une connotation fortement sexuelle du vocable. Ainsi, jazz désignerait, en patois créole, l’acte sexuel. Ce qui ferait de jazz une déformation du mot « gism », mot d’argot désignant le sperme, ou bien de « jazzbelle », mot qui désignait les prostituées.

 

Autres hypothèses : jazz dériverait, selon Dizzy Gillespie, d’un dialecte africain et correspondrait à l’idée de « vivre à un rythme accéléré » ; ou bien encore, le mot viendrait du terme français « jaser » (la langue française demeura, en effet, prépondérante à la Nouvelle-Orléans jusqu’en 1870), dans le sens de discuter ou de palabrer (en référence à la rythmique et au phrasé du jazz). En fait, des centaines de pages ont été consacrées à la question de l’étymologie du mot jazz, sans qu’aucune hypothèse ne soit définitivement privilégiée...

 

 Pierre-Henri Ardonceau

Membre de l'Académie du Jazz

 


Jazz in Marciac (photo : J. Barnouin)
Quand le Jazz est là ! (sur la place de la bastide de Marciac) (photo : J. Barnouin)